Catharisme - Les principaux protagonistes de la Croisade

Les principaux protagonistes de la Croisade

Arnaud Amaury (légat du Pape)

Légat du pape pendant la Croisade, il joua un grand rôle, surtout au début. C'est à lui qu'on attribue la célèbre phrase: 'Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens', lancée au siège de Béziers. Même s'il n'est pas sûr qu'il prononçat cette terrible phrase, il stimula toujours les Croisés pour une plus grande cruauté envers les hérétiques, s'interposant plusieurs fois pour qu'il n'y ait pas la moindre indulgence à leur égard.

Devenu Archevêque de Narbonne un peu plus tard, il se dressa contre Simon de Montfort qui avait montré des prétentions au duché de Narbonne, le combattit avec toute la violence de son tempérament au Concile de Latran (1215), devenant par là même, un partisan du Comte de Toulouse.

Foulques

C'est un étrange personnage. Il fut évêque de Toulouse, mais auparavant il s'était fait connaître comme troubadour à Marseille, marié et père de famille, riche et considéré en Provence, où il fréquente la cour d'Aix. Il entra en religion à l'abbaye cistercienne de Toronet et n'a aucune attache envers Toulouse, sa ville épiscopale.

Il sera la bête noire de Raimond VI, dressant les Toulousains les uns contre les autres en créant la Confrérie Blanche, sorte de milice destinée à traquer les hérétiques dans la ville. Il sera toute sa vie l'allié servile de Simon de Montfort.

Innocent III

Devenu Pape en 1198, il fut ambitieux et très actif dans son but de faire triompher l'Eglise catholique et faire régner la paix dans le monde. Puissant, il tient sous sa coupe les plus grands monarques. Seul, le roi de France, Philippe Auguste, sut lui résister sur le plan politique.

Innocent III fut l'âme de la Croisade des Albigeois et bien que les cruautés des Croisés n'aient pas été ordonnées par lui, il les connaissait et les tolérait.

Il mourut avant d'achever sa tâche en 1216.

Pierre II d'Aragon

Pierre II devient à 21 ans roi d'Aragon.

Physiquement, Pierre II est un colosse. On le dit batailleur et libertin, fort instruit aussi et épris de poésie, surtout quand les troubadours chantent ses hauts mérites.

Il est le plus puissant monarque régnant au sud du royaume de France. Outre son domaine qui s'étend sur tout le nord de l'Espagne, il est le suzerain de la vicomté du Béarn, de la Bigorre, d'une partie du comté de Foix, du Roussillon, des Fenouillèdes, du Gévaudan, de la vicomté de Millau, de tous les domaines de Trencavel et du comté de Provence. Enfin il est, par son mariage avec Marie, seigneur de Montpellier. C'est dire l'importance de son royaume.

En Espagne, il combat victorieusement les musulmans, les Almohades. En gagnant la bataille de Las Navas de Tolosa, il deviendra un héros de la Reconquista et méritera le surnom de Pierre le Catholique. Il a d'ailleurs été couronné par le pape et le royaume d'Aragon est vassal du Saint-Siège.

Son rôle sera très important dans le cours de la croisade, et sa mort prématurée – assez inexplicable au demeurant – à la bataille de Muret, fera pencher la balance en faveur des croisés.

Raimond VI

Fils de Raimond V. Son pays est plus vaste que bien des royaumes. Il comprend le Comté de Toulouse, le Quercy, l'Agenais, le Rouergue et toute la Provence. Il a de nombreux vassaux et trois suzerains: le roi de France, le roi d'Angleterre, l'Empereur de Germanie.

Le Comte de Toulouse est un personnage très controversé.

Pour les uns, c'est un indécis, un hypocrite, un lâche, un piètre politique (il a délégué tous ses pouvoirs féodaux aux consuls qui gouvernent Toulouse) et un piètre combattant, qui hait la guerre et fuit la bataille.

Pour les autres, c'est un seigneur intelligent, habile, très tolérant, qui a essayé par tous les moyens possibles (même en s'humiliant plusieurs fois) de protéger son peuple des horreurs de la guerre.

Était-il Cathare ? Certainement pas ! La doctrine rigoureuse et les mœurs austères des Cathares ne convenaient pas à son caractère. Raimond VI aimait trop la vie et ses plaisirs, simplement il respectait la liberté de pensée de ses sujets et considérait que Catholiques, Juifs ou Cathares avaient tous droit à sa protection.

Raimond Roger de Foix

IL était plus compromis avec les hérétiques que Raimond VI. Il avait autorisé sa femme Philippa à recevoir le consolamentum et il avait assisté au consolamentum de sa sœur Esclarmonde, mais il ne put jamais être personnellement convaincu d'hérésie. En réalité, plus qu'à la religion, il s'intéressait au pillage des biens d'Église.

Contrairement à Raimond VI, homme raffiné, le Comte de Foix était d'abord un soldat, de tempérament brutal, qui ne reculait devant aucun sacrilège, ni aucune cruauté. Allié fidèle de Raimond VI, il jouera un rôle très important dans la croisade, mais saura se préserver des foudres de l'Eglise. Il aura, lui, une mort et des funérailles très catholiques.

Raymond Roger Trencavel

Vicomte de Béziers de Carcassonne, d'Albi et du Razès.

Guillaume de Tudèle nous en fait ce portrait: 'Aussi loin que s'étend le monde, il n'y a meilleur chevalier, ni plus preux, ni plus large (tolérant), ni plus courtois, ni plus aimable. Il était catholique et il était familier avec tous'.

Bien que neveu du Comte de Toulouse, les deux familles s'étaient toujours opposées; ce qui explique que lorsque Raimond VI, avant la croisade, le pressent en vue d'un plan commun de défense, Raimond Roger refuse. Il se battra seul. Il tentera en vain de faire sa soumission auprès d'Arnaud Amaury, avant le grand déferlement dans ses domaines. Trop tard ! Malgré sa vaillance, sa loyauté envers ses sujets, il est trop faible contre les Croisés. Sa noblesse lui dictera de se rendre à ses ennemis et de s'offrir en victime à condition que ses gens aient la vie sauve.

A-t-il été trahi ? A-t-il été empoisonné ? Raimond Roger Trencavel est mort à 24 ans après trois mois de captivité dans un cachot de son palais.

Simon de Montfort

Simon de Montfort n'était qu'un petit seigneur de Normandie, mais ses qualités guerrières le font vite remarquer et lui donnent une notoriété, même auprès de Philippe Auguste Remarqué par Arnaud Amaury au siège de Carcassonne pour sa bravoure, il est élu par une assemblée de Croisés Vicomte de Carcassonne et de Béziers pour remplacer Trencavel. Dès lors, il est le chef et l'âme de la Croisade. Avec l'appui inconditionnel de l'Eglise, il luttera jusqu'à sa mort devant Toulouse en 1218, contre les hérétiques.

Qui était réellement Simon de Montfort ? Tous les historiens le présentent comme un grand combattant qui ignore la peur et le découragement.

Pour certains, ce courage est motivé par une foi profonde, la conviction de la sainteté de sa mission. Pour d'autres, le moteur de cette force peu commune, n'était autre qu'une ambition démesurée. Il veut devenir l'égal des plus grands seigneurs du domaine royal. Poussé sans relâche par l'épiscopat méridional et les légats pontificaux, son ambition se confond-elle sans doute avec son devoir.

Sa famille le soutient tout au long de sa mission avec une constance admirable. Guy, son frère, Amaury son fils, et surtout Alice sa femme, qui le sauva plus d'une fois d'une situation désespérée.

Quant à sa cruauté, était-elle différente et plus grande que celle des autres chevaliers ? La cruauté, la brutalité faisaient partie des mœurs de l'époque.

Même ses adversaires ont loué ses qualités de constance et de vaillance.


Retour